Planter en fonction du type de sol

Vous rêvez de pivoines, de camélias et de l'Érable du Japon, mais, malgré tous vos bons soins, c'est un échec. Aucun ne survit plus de quelques semaines. Une vraie malédiction. Et si ce n'était pas de votre faute, mais de celle du sol ? Je ne parle pas ici des vestiges d'un cimetière indien qui hanteraient votre jardin et votre maison, mais du type de sol. En fonction de la composition et de la texture de la terre, certaines plantes sont à privilégier et d'autres à oublier.

La terre est le résultat de la longue et complexe évolution de la croûte terrestre au fil des millénaires. La roche mère se dégrade sous l'effet du temps et s'enrichit grâce à l'action des organismes vivants (végétaux ou animaux). Dans votre jardin, le sol est le support de vos cultures. Il leur fournit l'eau et les nutriments dont ils ont besoin.

Le sol est composé de cinq éléments : l'argile, le calcaire, le sable, le limon et l'humus. Leur proportion varie selon les régions, le climat, l'âge de la terre… Selon la prédominance de telle ou telle matière, on identifie le sol comme étant de type argileux, calcaire, sableux ou humifère.

La composition du sol influe sur son pH (potentiel hydrogène). Si vous avez séché les cours de physique, l'heure du rappel a sonné. Le pH mesure l'acidité. Il est exprimé par un chiffre, compris entre 1 et 14 :

7 équivaut à un pH neutre ;

Entre 1 et 7, le pH est acide ;

Entre 7 et 14, le pH est basique ou alcalin.

Les plantes apprécient un pH neutre, compris entre 6,5 et 7,5. Certaines, dites acidophiles comme les azalées, les camélias ou les rhododendrons s'épanouissent dans une terre acide. Les sols calcaires ont souvent un pH basique, les sols humifères ou sableux sont en général acides.

À l'état sauvage, les différents végétaux poussent naturellement dans les sols qui leur sont propices. Logique, car, dans le mauvais sol, une plante ne peut pas poursuivre sa croissance. Pour éviter de voir vos arbustes, arbres, fleurs et légumes dépérir, vous devez sélectionner les variétés que vous cultivez en fonction de la terre que vous avez à leur offrir.

Inutile de s'adjoindre les services d'un géologue et de mener une étude des sols et connaître la nature du vôtre. En observant la terre et la végétation spontanée, vous pouvez déterminer votre type de sol.

Votre jardin est envahi de pâquerettes, de boutons d'or et de liseron ? Il se craquelle en surface ? Alors il est sûrement argileux. Pour en avoir le cœur net, prélevez une poignée de terre en profondeur et malaxez-la. Si vous avez l'impression de retrouver la pâte à modeler de votre enfance, vous êtes face à un sol argileux. Boule, boudin, anneau… Plus vous pouvez façonner la terre, plus elle contient d'argile.

Riches en nutriments, les sols argileux retiennent l'eau et restent toujours humides en profondeur. Cette propriété, appréciable en période de sécheresse, s'avère problématique pour les racines lors d'épisodes pluvieux intenses et répétés. Et mauvaise nouvelle pour les jardiniers paresseux, ces types de sols se travaillent difficilement.

Avec un peu d'efforts, le sol argileux convient à toutes les plantes, à l'exception des légumes racines. Les tomates, les haricots, les pois, les choux, les artichauts et les aubergines s'y plaisent. Rosiers, pivoines, œillets d'Inde, hellébores et myosotis y fleuriront à condition d'apporter de la matière organique. Peupliers, bouleaux, poiriers, pruniers et petits fruitiers seront aussi les bienvenus.

Les experts identifient le sol sableux à sa nuance de marron et aux armoises, mauves sylvestres ou au chiendent qui s'y invitent. Le commun des jardiniers à sa texture : friable et inconsistante, la terre sableuse est très légère.

Le sol sableux se travaille sans peine. Cependant, comme il ne fixe ni l'eau ni les nutriments, il vous faut redoubler d'attention sur l'arrosage et la fertilisation. Perméable à l'eau et à l'air, il se réchauffe au moindre rayon de soleil et ne gèle pas. Cette particularité offre une protection aux plantes peu rustiques et une floraison précoce.

Au potager, ce sol fait le bonheur des légumes racines : carottes, betteraves, navets, pommes de terre. Mais vous pouvez aussi planter du fenouil, des salades, des fraises, du persil ou de l'estragon. Pour les fleurs, privilégiez les espèces méditerranéennes et celles qui résistent à la sécheresse, comme les agapanthes, le sedum, la lavande ou le Romarin. Et si le climat le permet, pourquoi ne pas essayer des cactus et des succulentes ? Du côté des arbres, frêne, mimosa, peupliers et acacias sont recommandés.

Parmi les types de sols, le sol calcaire n'est pas le plus fréquent, mais il est celui qui se reconnaît le plus facilement. De texture fine et de couleur blanchâtre, il contient des cailloux et des morceaux de craie. Les coquelicots, le trèfle blanc et les bleuets y poussent spontanément.

Le sol calcaire est perméable à l'eau et sujet au gel. Il retient assez mal les minéraux et sa composition entraîne des chloroses chez les plantes qui y élisent domicile. Mais, un sol calcaire s'amende. Avec un peu de matière organique et d'engrais, vous pouvez y cultiver presque tout ce que vous voulez.

Commencez par planter un carré d'aromatiques, avec de la sarriette, du thym et du romarin. Constituez-vous aussi un potager avec carottes, betteraves, salsifis, choux, oignons, aubergines, radis et tomates. Pour les fleurs, des vivaces comme les primevères, ancolies, clématites, anémones, œillets et même pivoines supporteront ce sol. Enfin, pour donner un peu d'ombre, le lilas, l'arbre de Judée, le charme, le tilleul et le marronnier y grandiront sans difficulté.

Si votre jardin, même en jachère, ressemble à un sous-bois parsemé de bruyère, de digitales, de fougères, de genêts et d'orties, alors vous avez affaire à un sol humifère. Pour en avoir confirmation, regardez la terre : celle-ci est noire, presque brune et très légère.

Ce type de sol est riche en humus et fertile. Les jardiniers apprécient ses qualités, notamment sa capacité à garder l'eau et sa facilité à être travaillé. Ses seuls défauts ? Il se dessèche en été et s'appauvrit après quelques années.

Dans un sol humifère, tout pousse ou presque. À vous donc lys, pervenches, iris, azalées, anémones, cyclamens, rhododendron et camélias. Bonjour érables du Japon, magnolias, saules, bambous, liquidambars et eucalyptus. Au potager, faites place aux pommes de terre, aux cucurbitacées, aux poivrons, à la rhubarbe, aux carottes, aux tomates, aux poireaux, au céleri et aux fraisiers.

Le sol limoneux contient du limon, des particules déposées par les alluvions et que l'on trouve dans le lit des fleuves et des rivières. C'est un profil de sol typique des bords de Loire sur lequel chiendents et chénopodes apparaissent. La terre limoneuse est de couleur sombre. Douce au toucher, elle est légère et simple à travailler.

Fertile et perméable, le sol limoneux se réchauffe vite en hiver, protégeant ainsi les plantes peu rustiques. Mais il s'épuise et, en l'absence d'un arrosage et d'un entretien régulier, une croûte de battance se forme à la surface. L'eau pénètre alors moins bien dans la terre.

Avec un jardinage régulier, le sol limoneux offre de nombreuses options. Tous les types de rosiers, les pivoines et les œillets fleuriront sans problèmes. Les arbres ornementaux comme le frêne et le lilas également. Pour le potager, misez sur les choux, les poireaux, les aubergines et les melons. Enfin, pas besoin de choisir parmi les fruitiers : tous s'adaptent à une terre limoneuse. Pour un meilleur rendement, optez pour des fraisiers, des framboisiers, des kakis, des pruniers et des pommiers.

Au premier abord, la terre tourbeuse pourrait être confondue avec une terre humifère. Comme elle, elle est noire et spongieuse. Mais elle est beaucoup plus acide et contient peu de nutriments. Pour savoir si la terre de votre jardin est tourbeuse, mesurez son pH. Versez du vinaigre blanc sur la terre. Si vous n'observez aucune réaction à ce test, pas le moindre signe d'effervescence, c'est que votre sol est acide et donc tourbeux.

La terre tourbeuse absorbe l'eau et reste humide des mois durant. Mais une fois asséchée, elle peine à absorber à nouveau l'eau. Pour travailler les sols riches en tourbe, mélangez-y de la chaux. Ajoutez aussi des cailloux ou des graviers pour optimiser le drainage.

Amendée, la terre tourbeuse accueille artichauts, aubergines, concombres ou potirons. Vous pouvez planter des acidophiles (bruyères, hortensias, camélias…), certaines fougères et des digitales. La canneberge, le framboisier et le mûrier vous offriront aussi de belles récoltes.

À moins que votre maison ne se trouve dans le Massif central ou la Bretagne, il y a peu de risques que vous soyez confrontés à une terre siliceuse. Ce sol poreux, comme son nom l'indique, contient de la silice, un élément naturel que l'on retrouve dans le gré ou le quartz.

La terre siliceuse se réchauffe rapidement et devient une fournaise pour les végétaux en cas de canicule. Et comme elle ne retient que peu l'eau, mieux vaut y planter des espèces qui supportent la sécheresse.

C'est le support idéal pour une rocaille avec des sedums, des saxifrages, des cactus, des aloès, des agaves et pourquoi pas un yucca ? Pour les fleurs, pensez aux hibiscus, à la lavande, aux cistes, aux genêts et même aux rosiers. Installez un laurier, un ginkgo, un châtaignier, un chêne ou un troène pour donner un peu de relief. Dans un jardin siliceux, les conifères sont vos meilleurs alliés : pin maritime, pin parasol, cyprès, cèdre pousseront sans rien demander. Enfin, complétez votre ambiance bord de mer avec un tamaris.

Autant le dire tout de suite, la réponse est non. Votre type de sol dépend de la région où vous vivez et de l'activité pédologique millénaire. Mais, grâce à la chimie et au jardinage, vous pouvez corriger ses défauts pour le rendre plus hospitalier.

Votre sol est argileux, mais vous aimeriez planter des tulipes ? Améliorez le drainage en mélangeant du sable à votre terre, binez pour reboucher les fentes et paillez pour garder l'humidité en surface.

Pour planter un massif d'hortensia alors que votre jardin est calcaire, apportez régulièrement de l'humus, de la terre de bruyère et même du fumier. Vous augmenterez la capacité du sol à retenir l'eau. N'oubliez pas non plus l'engrais pour compenser la faible présence de nutriments.

Malgré ces solutions, pas de miracle à l'horizon. Vous ne changerez jamais votre terre siliceuse en terre limoneuse ou votre sol gorgé d'argile en terre calcaire. Pour que vos plantes s'épanouissent, le mieux est de sélectionner vos cultures en fonction du type de sol. La liste est longue et il est peu probable que vous la mémorisiez. Heureusement, l'application Monstera est là. Dans nos différentes fiches de culture, nous vous indiquons les types de sols recommandés pour vos arbres, arbustes, fruitiers, fleurs ou plantes potagères.

Si vous ne voulez pas renoncer à vos espèces préférées, vous pouvez toujours ruser. Certaines variétés sont plus tolérantes que d'autres et s'acclimatent d'un sol moins riche ou moins bien drainé. C'est le cas par exemple des tomates. Dernier recours : la culture en pot. En choisissant le bon terreau, vous pourrez planter sans devoir vous soucier de votre type de sol.