Livre encyclopédie des plantes d'intérieur

Rencontre avec Solène, horticultrice et auteur

Article pour :Tous les plant parents
Horticultrice depuis 20 ans, Solène Moutardier travaille dans les Serres du jardin du Luxembourg, à Paris. Cette fan de bégonias et d'Aracées vient de publier son premier livre : L'encyclopédie des plantes d'intérieur. Rencontre avec une plant-addict qui a fait de sa passion son métier.

Comment as-tu commencé à t'intéresser aux plantes ?

J'ai commencé à vraiment m'intéresser aux plantes quand j'avais une vingtaine d'années, grâce à mon chéri. Il étudiait la biologie et nous sommes allés aux Grandes Serres du jardin des plantes. J'ai été fascinée de découvrir que le ficus Ikea que j'avais sur ma table basse, dans la nature, c'était un géant. Nous avons ensuite visité les Serres d'Auteuil et je me suis dit que c'était le travail que je voulais faire.

À l'époque, j'étais vendeuse chez H&M. Je me suis demandé, si, à 40 ans, je me voyais encore être vendeuse dans un magasin à ne pas voir la lumière la journée ? Je me suis dit non, je pense que je serais bien avec les plantes. J'ai fait une reconversion professionnelle et j'ai suivi une formation accélérée avec l'AFPA. Aujourd'hui, j'ai 41 ans et je ne regrette pas mon choix.

Combien de plantes possèdes-tu ?

Une (petite partie) de la collection des plantes de Solène
Une (petite partie) de la collection des plantes de Solène
J'ai la chance d'habiter dans une maison, donc j'ai de la place. Mais je me suis un peu enflammée ! Je possède entre 200 et 250 plantes. J'ai un peu de tout. Des Aracées, des Marantacées, des plantes à caudex, des fougères, des terrariums…

Quelles sont tes variétés préférées ?

L'Alocasia, le pothos et le Scindapsus appartiennent à la famille des Araceae
L'Alocasia, le pothos et le Scindapsus appartiennent à la famille des Araceae
J'adore les Araceae (Monstera, Alocasia, Philodendron), pour le côté jungle. C'est exactement la végétation qu'on imagine quand on pense forêt tropicale.

Je suis aussi une vraie fan de bégonias. Je suis d'ailleurs membre de l'Association française des amateurs de bégonias (AFABEGO). On organise des évènements pour faire connaître cette plante, qui a souvent une image vieillotte. En réalité, c'est un genre très varié. Là encore, j'ai été fascinée quand j'ai découvert qu'il y avait à la fois, des tout petits bégonias, des bégonias géants, des bégonias à feuillage, à fleurs… Les choses commencent un peu à changer. On voit maintenant de nouvelles espèces arriver avec des feuillages colorés et texturés, comme le Begonia masoniana. On trouve également de nouveaux hybrides de Bégonia royal (Begonia rex), beaucoup plus faciles à cultiver.

Comment est venue l'idée du livre ?

J'ai créé un site internet, lajungledeso, pour partager ma passion des plantes d'intérieur. Je voulais le faire connaître et j'ai envoyé un message à un journaliste horticole. Il travaillait aussi pour les éditions Ulmer. De fil en aiguille, ils m'ont proposé d'écrire un livre.

Le livre est en deux parties. Le début est consacré aux conseils pour l'entretien des plantes d'intérieur. Ensuite vient la partie encyclopédie. Elle réunit 500 variétés de plantes d'intérieur, de la plus commune, à des choses plus insolites, ou plus rares. Et puis on présente toutes les nouveautés que l'on rencontre maintenant.

Avec 500 plantes répertoriées, comment as-tu sélectionné celles qui figurent dans le livre ?

Le Myrmecodia becarii est une plante originaire d'Australie
Le Myrmecodia becarii est une plante originaire d'Australie
Lorsque nous avons choisi les plantes avec mon éditeur, nous avons essayé de parler à tout le monde, aux débutants comme aux amateurs aguerris. On retrouve les grands classiques, comme le Spathiphyllum, le Clivia et les Araceae, que les gens aiment beaucoup. Je tenais aussi à proposer une partie sur les fougères et les plantes à caudex. Ce sont des plantes que j'adore, mais elles restent assez méconnues.

On parle par exemple du Myrmecodia, une plante qui vit en symbiose avec les fourmis. Elle a un tronc renflé qui abrite un réseau de galeries. Les fourmis habitent dans la plante et en échange de l'hébergement, elles la défendent contre les agressions des autres insectes. C'est une espèce qu'on peut tout à fait cultiver chez soi, en pot même si les fourmis chez nous sont trop grosses pour vivre dans le tronc. Mais ce n'est pas grave, le Myrmecodia peut tout à fait vivre sans les insectes !

Pour quelqu'un qui débute dans l'entretien des plantes, quelles sont les espèces que tu conseillerais et pourquoi ?

Le Spathiphyllum wallisii fleurit presque toute l'année, même en intérieur
Le Spathiphyllum wallisii fleurit presque toute l'année, même en intérieur
J'adore les spathiphyllum par exemple. Je trouve que c'est une plante simple à entretenir, qui fleurit plutôt facilement et qui s'accommode des erreurs d'arrosage. Le chlorophytum (Chlorophytum comosum) aussi. C'est très joli. Ce sont de grands classiques, mais ils sont indémodables. Et puis ce sont des plantes qui vont admettre qu'on fasse des erreurs.

Et à l'inverse, quelle plante conseillerais-tu à quelqu'un qui a envie de quelque chose d'un peu difficile ?

Certaines fougères sont bien difficiles à cultiver ! Et puis il y a les orchidées. Si les Phalaenopsis sont plutôt simples, d'autres sont beaucoup plus délicates, comme les mini-orchidées épiphytes que l'on fait pousser sur des plaques de liège. Elles réclament un suivi au niveau de l'arrosage qui peut être assez prenant.

Quelle erreur fréquente observes-tu chez les amateurs de plantes d'intérieur et comment y remédier ?

Vos plantes se porteront toujours mieux derrière une fenêtre.
Vos plantes se porteront toujours mieux derrière une fenêtre.
L'erreur qu'on fait tous au début, c'est la lumière. On ne s'en rend pas compte, mais la lumière utile aux plantes est différente de celle que nous percevons. On a tendance à éloigner nos plantes des fenêtres. D'autant plus qu'on entend souvent dire que le soleil direct est dangereux. On place donc les plantes trop loin des fenêtres. Elles se retrouvent dans le noir et ne peuvent pas pousser. Même avec le bon substrat et le bon arrosage, ça n'ira pas. La lumière, c'est le paramètre principal.

Si tu devais donner un seul conseil à quelqu'un pour qu'il prenne soin de ses plantes, lequel serait-ce ?

Je suis une adepte de la simplicité. Je cultive mes plantes les plus fragiles en terrarium, mais pour le reste, je fais simple. Je n'ai pas d'humidificateurs, je ne brumise pas… La lumière et l'arrosage sont les deux paramètres les plus importants, bien avant le substrat. La quasi-totalité des végétaux peut se cultiver avec un substrat basique, trouvé dans le commerce.

Il faut aussi s'adapter en fonction de notre façon de cultiver les plantes. Certains vont beaucoup arroser, d'autres moins… Et il faut en plus prendre en compte les conditions que l'on a chez soi.

Est-ce qu'il y a des plantes que tu n'arrives pas à cultiver ?

Les impatientes ! On trouve vraiment de très belles variétés, comme l'Impatiens morsei, qui a du rose sur le feuillage. Chez moi, ça ne marche pas. Je n'y arrive pas. C'est bizarre. J'ai décidé d'arrêter.

Mais de temps en temps, c'est sympa de se lancer des défis et de tester des plantes qu'on a raté. Par exemple, quand j'ai débuté, j'ai tué beaucoup de Pachira(Arbre à monnaie). J'achetais toujours un petit Pachira Ikea et il finissait par mourir, à mon grand désespoir. Il y a plusieurs années, quand j'ai déménagé, j'ai encore craqué. C'était il y a six ou sept ans et il est toujours là. J'ai fini par comprendre comment fonctionnait l'arbuste, la lumière et l'arrosage dont il avait besoin.

Quels sont tes projets ?

Je travaille actuellement sur d'autres livres. Je continue aussi à développer mon site internet. Et j'aimerais déménager, pour pouvoir construire une serre. Le travail en serre me passionne et j'ai peur que ça me manque trop quand je serai à la retraite !
Par Servane Nemetz
le 02-01-2025 à 15h48
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